Quand on s'embrasse sur la Lune by Stephen Tunney

Auteur:Stephen Tunney [Tunney, Stephen]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: albin michel
Publié: 2012-10-02T22:00:00+00:00

Il avait horreur de mélanger ses deux univers. Il avait horreur de mélanger les choses, socialement parlant. Et cela, à présent ! Non qu’il craigne ce qui pouvait arriver entre Slue et Bruegel – c’était une voie sans issue, il en aurait mis sa main à couper. Slue détesterait Bruegel, point final. Mais c’était l’association Slue/Fenêtres-s’abattant-sur-des-moineaux qui le faisait grincer des dents et s’arracher les cheveux. Avoir en même temps les deux filles sous les yeux. L’idée rebondissait entre les deux hémisphères de son cerveau sans trouver nulle part où se poser.

Alors qu’il méditait sur l’inévitable malaise que cela créerait, il entendait à peine Bruegel s’étendre sur les charmes de Slue. Quel idiot ! Regardez-le, à parler de Slue comme si elle était déjà sa petite copine ! Quel spectacle pathétique et présomptueux offre ce gros lourdaud, ce Taré arrogant et pédant… Comment ose-t-il parler ainsi de Slue ? D’un autre côté, ça promettait d’être marrant d’arranger ça. Après tout, Slue l’avait bien snobé, et l’éventualité qu’elle puisse aller où que ce soit avec Bruegel et lui était des plus improbables. Elle faisait la tronche à Hieronymus. Ne lui disait même plus bonjour. Et puis, il avait découvert qu’elle s’était liée d’amitié avec Pete. Pete, de tous les gens possibles et imaginables ! Malgré l’imbroglio de la rotonde, c’était un bon gars… et aussi une sacrée tête de pioche ! Pete… Que pouvait-elle bien lui trouver ? Certes, il avait une chouette voiture – une Prokong-90. Mais Slue se souciait comme d’une pixie de ce genre de trucs. À moins que… S’il l’appelait, elle le rembarrerait sous prétexte qu’elle avait rendez-vous avec Pete. Cela dit, grâce à Clellen et au motel des tours Telstar, il se pouvait que Pete… soit déjà pris.

– Tu m’écoutes au moins ? demanda Bruegel, remarquant que Hieronymus paraissait perdu dans ses pensées.

– Non, pas vraiment mon gars. Tu disais ?

– Je parlais de ce soir. On va aller voir les Kang-Kang Gingembre.

– Les Kang-Kang Gingembre ? C’est quoi, ce plan ? Je t’ai dit qu’on allait au parc d’attractions de la Zone Un du LEM.

– Il y a que les losers qui y vont. Les losers et les enfants. Non. Nous sommes adultes désormais, et des adultes qui roulent en voiture ne fréquentent pas les parcs d’attractions. Tu vas appeler Slue et l’inviter à se joindre à une équipée superexcitante avec toi et ton pote Bruegel, un gars bien sous tous rapports, un type canon qui, contrairement à toi, est capable de conduire une auto ! Dis-lui que j’ai quatre billets pour assister au concert des Kang-Kang Gingembre, qui jouent ce soir au Chenil, situé juste à côté de la Zone Un du LEM. Dis-lui qu’on passera chercher ta copine au parc d’attractions…

– Minute, Bruegel ! Les Kang-Kang Gingembre ?

– C’est un groupe local. Ils sont du tonnerre. Ils viennent du plateau Spoutnik et, à en croire la rumeur, c’est le groupe à voir. Clellen les adore, par exemple, et Clellen est archicalée question musique – même si c’est à peu près la seule chose où elle s’y connaît.

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